Deuxième journée de festival : logistique et programme "jeune public"
C’est confirmé : le succès de cette onzième édition peut se vérifier à chaque nouvelle séance, lorsque les « festivaliers », titulaires généralement du «
passeport » (possibilité de voir l’intégralité des 65 films présentés pour... 50
euros !) se retrouvent en même temps et au même endroit pour voir le film
suivant : bouchon assuré !
Mais à Vesoul l’ambiance du Festival est bon-enfant : pas de bousculades, pas de
grogne, chacun attend son tour, en puisant ou non dans ses réserves de patience...
Certes, des « suggestions » sont énoncées : "il faudrait prévoir les files
d’attente différemment...", "ce serait bien de...", "le système de réservation est moins
bien que l’an dernier" (pas nominatif, pas toutes les séances...), etc.
Mais pas de panique : petit à petit on se rapproche de l’entrée de la salle
choisie, il reste des sièges libres, ouf...
"Cueillette" de cette deuxième journée
En compétition, Two great sheeps de Liu Hao
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Quatre courts métrages d’animation chinois :
La mante religieuse
L’épouvantail
Les singes qui voulaient attrapper la lune
Impression montagne et eau
Une mention particulière pour ce dernier, absolument superbe visuellement, basé
sur la technique du lavis animé, d’une grande finesse. L’histoire est belle
aussi de ce vieux musicien qui apprend l’art du luth à un tout jeune pécheur
qui vient de lui porter secours. A noter la totale précision de la musique et
des mouvements.
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Oseam, film d’animation coréen de Seong Baek-Yeop
L’histoire est celle de deux orphelins : Gil-Sun et sa sœur ainée aveugle, Gamie,
qui trouvent refuge dans un temple boudhiste où la vitalité de Gil-Sun amènera
rapidement la perturbation... Film sur la recherche de soi, à travers le voyage
initiatique que Gil-Sun acceptera de suivre.
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L’histoire du chameau qui pleure, film mongolien de Byambasuren Davaa et Luigi Falorni
C’est l’été en Mongolie. Une famille de nomades aide les chamelles du troupeaux
à mettre bas, mais l’une d’elle se désintéresse de son bébé dès la naissance,
et refuse de le laisser têter. Sans le lait de sa mère, le bébé chameau va
mourir. La tradition veut que l’on fasse venir un musicien pour émouvoir la
chamelle et la réconcilier avec son bébé...
Film chaleureux, où l’histoire et le documentaire s’entremêlent avec bonheur,
comme se mêlent présent et traditions : les paraboles géantes pointées sur le
satellite pour capter la télévision dans la yourte, les prêtres qui viennent
célébrer les offrandes en 4X4, les chameaux et les motos dans le même parking...
Et puis la nature, immense, magnifique, parfois impitoyable. Une existence
simple, rude et aimante.
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Kardiogramma, film kasakh de Darejan Omirbaev
L’histoire d’un jeune garçon de 12 ans, fils de berger, atteint d’une maladie de
cœur, qui doit se faire soigner dans un hôpital de la capital. Ne parlant pas la
langue officielle, le russe, Jasulan se verra peu à peu exclu de ce petit monde
fermé, à l’âge où les premiers émois de l’adolescence arrivant, il aurait
besoin de se rapprocher des autres.
Darejan Omirbaev, le réalisateur, utilise toute une palette de petites touches
pour nous faire partager le quotidien de son jeune héros. Peut-être trop. Ce
jeune garçon qui se cherche ne semble pas totalement concerné par ce qu’il
voudrait trouver, et malgré une réelle « prise de risque » à la fin du film, il
a du mal à nous intéresser à son histoire.
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Two great sheeps, film chinois de Liu Hao
Ces deux grands moutons sont le cadeau « du gouvernement » au village, et ils
ont été confiés à De shan, pauvre et vieux paysan, vivant dans une région
encore plus pauvre. De shan devra s’occuper des moutons, les faire se
développer, ce qui bénéficiera alors à tout le village. De shan est donc
responsable de ces deux moutons... Mais hélas ceux-ci sont d’une race étrangère
et nécessitent nourriture et soins que le vieux paysan ne peut d’abord leur
procurer...
La version projetée à Vesoul n’est pas la version 35 mm annoncée, qui n’a pu
sortir de Chine à temps pour le Festival, mais une version numérique aux
couleurs criardes, fausses, etc. Cependant, malgré ces défauts, ces paysages
arides, désolés, sont grandioses, et la version définitive devrait satisfaire
les plus exigeants.
La Chine rurale est bien dépeinte, « humanité qui se bat, à la merci de la
nature ingrate et d’un gouvernement distant et aveugle »...
Texte de MM, correspondant permanent sur place